Horloge flash
                    

L'ami public

 

ENQUÊTE Comment mettre un pied à la télé ? En faisant partie du public, pardi ! On le recrute, on le bichonne et, surtout, on le canalise. Explications.

C'est lui le roi des plateaux. Prisé par les producteurs et les animateurs, le public contribue largement à créer l'ambiance d'un jeu, d'un divertissement ou d'un débat. De "Tout le monde en parle" sur France 2, aux "Enfants de la télé", sur TF1, en passant par "infrarouge" sur TSR1, les anonymes constituent un décor vivant et vibrant qui donnera de la couleur à l'émission. Mieux: "Depuis l'avènement de la téléréalité, le public a pris conscience de son importance. Les gens savent qu'ils véhiculent une image, qu'ils sont le témoin d'une émission", confie Lydie Jaïd, casteuse et chauffeuse de salle notamment chez Fogiel et Arthur. "En fait, le public humanise le show et le rend plus chaleureux. En France, il y en a de plus en plus sur les plateaux." Qui se charge de le recruter ? Bien sûr, différents site sur l'internet, mais le téléphone dont le numéro s'inscrit en générique de fin des émissions reste le plus sûr moyen. "Mon portable est ouvert vingt quatre heures sur vingt-quatre et je sens tout de suite à qui j'ai affaire. J'essaye d'avoir le public le plus éclectique possible, représentatif en fait des téléspectateurs, ajoute Lydie. Il m'est arrivé sur "Campus", d'avoir trois personnes de trop et pas assez de chaises...J'ai quand même réussi à les caser dans le carré VIP réservé aux invités!" Aucun doute, il y a bien une complicité qui se tisse entre le recruteur et le public. (...)

"Mais c'est surtout pour leur expliquer (les spectateurs) quand ils peuvent chanter et applaudir pour ne pas couvrir les interviews des invités.On en profite pour tourner des plans du public que l'on replacera au montage. " Une pratique poussée à l'extrême chez Thierry Ardisson dans "Tout le monde en parle" où selon Lydie Jaïd, tous les plans de coupe du public sont préenregistrés, ainsi que les séquences dans lesquelles les gens se lèvent, se balancent, manifestent leur admiration ou leur mécontentement; "le public d'Ardisson fait partie de la mise en scène, dit-elle. Rien n'est laissé au hasard; Il est hypercoaché, mais il s'y prête avec bonhomie." D'accord, mais ne doit-on pas canaliser cette foule ? "Disons que dans "ONPP" ou "Culture et dépendances", il vaut mieux éviter que quelqu'un baille derrière un politique ! raconte Lydie. Et puis les gens me demandent spontanément comment s'habiller et vont chez le coiffeur. Ils jouent le jeu: on ne passe pas tous les jours à la télé !"

par Anne-Catherine Renaud

 

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